L’expérience qui m’a sauvée !

Méditations spirituelles 03/07/2023

Par Ruth Gal

Constat dramatique : on ne prépare pas sa vieillesse !

Mais, est-ce chose possible ? Car elle n’est rien d’autre qu’une étape qui arrive sans crier gare, un jour après l’autre… Il s’agit pourtant d’un changement radical, inconnu, sournois, qu’il va falloir affronter de plus en plus difficilement. Définitivement coupé de la vie sociale, des soucis familiaux, plus de responsabilité envers quiconque, libre enfin de vivre à son gré (pour en faire quoi ?!) la vieillesse a pour caractéristique d’être — étant seul — la période où, par la force des choses, l’on existe nécessairement pour soi-même, notre propre personne devenant le seul centre d’intérêt, désormais dépourvu de tout artifice…

Encore faut-il pouvoir s’en accommoder ! La liste des “occupations” d’un 3ᵉ âge encore valide (!) montre à quel point on le vit mal. Les journées se ressemblent toutes… jusqu’au bout. Faites de quoi ?! Quelles sont les ressources à tirer de sa besace pour que “vivre” signifie encore quelque chose ? Les maisons de retraite donnent la triste réponse : même plus envie de suivre à la télé les évènements « extérieurs » de la vie…

Et pourtant ! La vieillesse est devenue ma planche de salut ! Non du fait des ans dont je ne sentais nullement le poids, restant en activité. Mais très curieusement par souci de « faire le point » (à 74 ans) après une vie que je considérais comme bien remplie, un nouvel élément étant venu conforter cette relative autosatisfaction. N’avais-je pas toujours essayé, en toute honnêteté, de faire du mieux possible ?

Mais “peut-on être juge de soi-même ? ” Une petite voix intérieure m’avait posé la question, que je pensais être le fruit de ma sagesse. Poussée dans mes retranchements, j’en reconnus le bien-fondé et voulus vraiment savoir à quoi m’en tenir. A qui donc poser la question, si ce n’est à mon Créateur ?

En totale inconscience, mes prières contenaient désormais la question suivante : ” Seigneur, puis-je considérer ma vie ainsi ? ” Un enfant ne ferait pas mieux ! Invraisemblable démarche, qu’on ne tente jamais spontanément si l’on n’a pas de filet pour amortir la chute ! Mais j’osais m’appuyer sur des faits et avais besoin de savoir. Ce qui m’a donné de persévérer durant presque une année ! Alors que l’absence de réponse négative me réconfortait plutôt, une vision nocturne, effacée au réveil, vint détruire toute illusion. Aucune petite voix, mais une certitude absolue, avec chute brutale de la bonne note espérée : niveau zéro ! C’était clair et net ! La visible sincérité de ma demande et sa constance méritaient d’être prises en compte. Ce que Dieu a fait.

Résultat : une certaine démoralisation, avec “constat des lieux” et visible nécessité de modifications et améliorations… De bonnes résolutions en perspective… et finalement rien de changé, avec le moral en berne.

Dix ans plus tard : décès paisible de mon mari, que Dieu a préservé des souffrances d’un cancer fulgurant de la plèvre à son début. Alors que je Lui en rends grâce, je suis prise d’angoisse profonde et d’un terrible mal-être durant deux jours. J’appelle Dieu à l’aide, et en demande la raison :

” Pourquoi, Seigneur ? Qu’ai-je fait ? Dis-moi ce qui ne va pas ? Dis-moi comment tu me vois ? ”

Sans m’en rendre compte, j’en appelais au jugement divin ! …

… que j’ai connu durant un songe nocturne, à travers le film — non disparu — de toute ma vie passée, et visionné le matin. Je voyais défiler toutes les périodes de mon existence, depuis la petite enfance jusqu’à ce jour. Avec effroi je constatais que ma personne, mon MOI, était en son centre, telle sa colonne vertébrale soutenant ses raisons d’être. Je marchais en tête, sûre de moi, décidée et satisfaite, Dieu étant à ma droite, à qui je faisais appel si besoin, et qui répondait présent !

Il n’y a pas eu de petite voix, mais je savais que j’étais redevenue grain de poussière initial. En même temps, je me sentais revivre, sachant que Dieu avait jeté ce MOI à la mer en même temps que mes péchés (Michée 7 : 19). Il me restait l’essentiel, le JE qui décide et agit. J’ai compris que Dieu doit marcher devant, et non à mes côtés ! Il a fait preuve d’une patience inimaginable, attendant le moment où mes yeux s’ouvriraient enfin, ne cessant cependant de veiller sur moi.

Ne les comprenant pas, j’obtins, en le Lui demandant, l’explication des résultats énigmatiques de mes deux démarches :

– la dégringolade au niveau zéro concerne la valeur spirituelle intrinsèque de toutes mes actions (« Nul n’est sauvé par ses œuvres »)

– le retour au point de départ (grain de poussière) indique que j’occupais la place qui est la sienne – Dieu seul est aux commandes pour nous mener au salut, sans partage – et de ce fait ma vie spirituelle perdait toute vitalité. Je ne réalisais nullement ma catastrophique situation !

Quel privilège d’être jugée de son vivant, pour laisser à temps l’action divine me sauver ! Expérience unique, fondamentale, vitale, impossible à faire si l’on n’a pas ses arrières assurés. J’en suis sortie assommée, mais vivante, “libérée” enfin à tous niveaux, et si légère ! A 94 ans passés, je vis la partie réellement valable de mon existence, voulant être un conduit par lequel l’Esprit témoigne, m’enrichissant ainsi de Son Amour, pour Lui et pour mon prochain. Il me permet de vivre chaque jour de magnifiques expériences spirituelles.

Mais ceci est une autre histoire…

Ruth Gal